Le 15 septembre dernier, s’éteignait au Cedars-Sinai hospital de Los Angeles l’acteur et musicien américain Harry Dean Stanton.
Dans la scène initiale du film « Paris, Texas » de Wim Wenders, un homme mince au visage tanné, vêtu d’un vieux costume et d’une casquette de baseball rouge, errant dans le désert avec un jerricane d’eau vide. Son premier rôle principal, à l’âge de 58 ans.
Il est Travis Henderson, un homme éreinté et défait, qui a quitté sa femme des années auparavant emmenant leur fils avec lui.
Tentant de renouer avec sa vie, il retrouve la trace de sa femme, devenue strip-teaseuse derrière la vitre d’un peep-show de Houston au Texas…
S’en suit un monologue d’anthologie à travers un miroir à sens unique. Elle ne peut pas le voir, mais se rend compte peu à peu que c’est son mari, lui racontant l’histoire de sa vie…
Cette performance de H.D Stanton en tant qu’acteur principal - après des décennies en tant qu’acteur de seconds rôles - a fait de lui une Star, de la bande originale du film signée Ry Cooder, un Classique, et a valu à l’œuvre de W. Wenders la Palme d’Or au Festival de Cannes en 1984.
Harry Dean Stanton est né en 1926 à Irvine dans le Kentucky, d’un père agriculteur et d’une mère coiffeuse. Il a étudié le théâtre à l’Université du Kentucky, puis a envisagé de faire une carrière d’écrivain, orientant ses études vers le journalisme et la radio.
Après avoir servi dans la marine américaine durant la Seconde Guerre mondiale, il part tenter sa chance à Hollywood où son physique particulier, ses yeux creusés et son nez aquilin lui offrent ses premières apparitions à l’écran.
Au cours de sa carrière longue de soixante-trois ans, il excellera jouant le hors-la-loi, l'escroc, ou le marginal volontiers excentrique, des rôles pour lesquels il était souvent sollicité par les plus grands cinéastes de Hollywood, et qu'il interprétait avec brio .
Bien qu’il ait figuré à l’affiche d’un certain nombre de classiques du cinéma hollywoodien tels Le Parrain 2 ; Alien ; Repo men, ou Luke la main froide, plus récemment dans La ligne verte, et dernièrement dans le Twin Peaks de David Lynch, Harry Dean Stanton a surtout travaillé dans le cinéma indépendant durant son parcours pour le moins éclectique.
Moins en lumière que sa vie d’acteur, Stanton a fait une deuxième carrière, dans la musique cette fois-ci, en jouant régulièrement à Los Angeles et parfois en tournée avec la « Harry Dean Stanton Band », avec laquelle il a chanté et joué de la guitare et de l’harmonica.
Dans le documentaire « Harry Dean Stanton: Partly Fiction » de la réalisatrice Sophie Huber (sorti en 2012), l’acteur s’était entre autres prêté au jeu des questions-réponses avec son ami David Lynch, et à la question de savoir comment il voulait qu’on se souvienne de lui après sa disparition,, sa réponse fut : « Peu importe. »
David Lynch, dont il fut l’acteur fétiche, et à qui il donna une dernière fois la réplique devant la caméra de John Carroll Lynch pour son film « Lucky » (sortie le 13 décembre 2017) lui a rendu hommage avec ces quelques mots :
« Un Grand s’en est allé ! Il n'y a personne comme Harry Dean. Tout le monde l'aimait, et pour cause...C'était un grand acteur (...) et un grand être humain. (...) ».